la qualité de des eaux de baignade dans la Manche

Dans la Manche, ils veillent sur la qualité de nos eaux de baignade

Chaque année, nos eaux de baignade du département sont contrôlées grâce à des préleveurs. L’objectif est d’assurer la sécurité des usagers du littoral manchois.

Maeva fait partie des 16 « préleveurs » de Labéo qui effectuent des prélèvements, notamment d'eaux de baignade, comme ici à Barneville.
Maeva fait partie des 16 « préleveurs » de Labéo qui effectuent des prélèvements, notamment d’eaux de baignade, comme ici à Barneville. (©Jean-Paul BARBIER)

Maeva fait coulisser la portière du véhicule Labéo Manche devant le front de mer de Barneville, à proximité du poste de secours. Après plusieurs jours de vent et de pluie dus à la dépression Patricia, la station balnéaire retrouve tout juste ses couleurs d’été en ce matin du lundi 7 août. Il est 10 h 30 et les badauds s’empressent déjà de retrouver leur plage.

Dans l’habitacle, la jeune femme de 22 ans désinfecte une petite nacelle et prépare un flacon destiné à recevoir de l’eau de mer. Puis elle se dirige sur la plage et entre dans l’eau – à 17,6 °C ce jour-là, jusqu’à la taille. La mer aura bientôt fini de monter. Pour Maeva, le moment est idéal pour interroger la qualité de l’eau dans la zone de baignade. Elle lance le flacon ouvert positionné dans la nacelle droit devant elle, le laisse se remplir d’eau puis le fait revenir à elle.

1 099 prélèvements

Chaque année, le groupement d’intérêt public Labéo Normandie, pôle d’analyses et de recherche, réalise 1 099 prélèvements des eaux de baignade dans la Manche. À la demande de l’Agence régionale de santé (ARS) de Normandie, ces échantillons permettent de déterminer la qualité des eaux et de prendre ensuite, lorsque cela s’avère nécessaire, des arrêtés d’interdiction préventive ou temporaire de baignade.

La Saint-Loise Maeva fait partie de ces « préleveurs » qui ont été formés à ce type de prélèvement en particulier et réalisé de mi-mai à mi-septembre. De retour sur la terre ferme, elle étiquette son flacon et donne à l’ensemble un dernier coup de désinfectant. Sa tournée, parmi les dix qui existent dans le département, ne fait que commencer.

Elle prend alors la route de Carteret, Sciotot, Siouville et Omonville-la-Petite pour effectuer les mêmes prélèvements, qui doivent parvenir au laboratoire de Saint-Lô pour analyse au plus tard dans les six heures. La présence de deux bactéries sera soumise au contrôle des scientifiques : Escherichia coli et les entérocoques.

À chaque saison estivale, le contrôle de la qualité des eaux de baignade rappelle que les milieux aquatiques ne sont pas exempts de risques de pollutions. Ces pollutions ont diverses origines, à commencer par les usagers du littoral qui peuvent contaminer les eaux de baignade avec leurs sécrétions, urines ou selles. Dans le cas d’une contamination de l’eau de mer par des matières fécales, les risques sanitaires associés aux pathogènes qu’elles peuvent contenir sont généralement des atteintes du système digestif, des infections des yeux ou de l’oreille.

Plusieurs risques de pollutions

Les activités agricoles sont également susceptibles de présenter un risque, « en cas de rejets mal maîtrisés des zones d’élevage, de ruissellement des surfaces d’élevage, de débordement de fosses à lisier ou encore de lessivage d’herbus pâturés par les moutons », énumère l’ARES.

Dans les zones urbaines, artisanales et industrielles, les risques proviennent du lessivage des voiries et des surfaces imperméabilisées par temps de pluie. Enfin, le rejet d’eaux usées insuffisamment ou non traitées, « suite au mauvais raccordement d’une habitation au réseau d’assainissement, au débordement du réseau des eaux usées – notamment par temps de pluie, ou encore au dysfonctionnement des systèmes d’assainissements individuels ou collectifs », note encore l’ARS.

Dans le département de la Manche, où les marées figurent parmi les plus fortes d’Europe, les courants ont certes pour effet de pouvoir diluer une potentielle contamination. « Mais les marées peuvent également, selon leur ampleur, induire un lessivage de surfaces terrestres possiblement souillées, précise l’ARS. Les grandes marées constituent donc, pour certains sites de baignade, un facteur de vulnérabilité. »

En 2022, la Manche a enregistré pour la baignade 95 jours d’interdictions préventives et 77 jours d’interdictions après de mauvais résultats d’analyses. « Certaines zones du littoral manchois, de par leurs caractéristiques propres, sont plus vulnérables que d’autres aux contaminations microbiologiques. Les facteurs de vulnérabilité sont la plupart du temps clairement identifiés, souligne l’ARS. Des études sont en cours pour aider à la compréhension de phénomènes de contamination qui restent encore parfois difficilement explicables et ainsi aider à la prise de mesures de gestion adaptées. »

172 jours d’interdictions

Depuis le début de la saison estivale 2023, les prélèvements réalisés sur une poignée de plages situées sur la côte ouest ont fait état de taux de bactéries Escherichia coli et entérocoques supérieurs à la normale. Actuellement, deux interdictions temporaires de baignade pour raisons sanitaires sont toujours en cours. La première concerne la plage de la Pointe d’Agon-Coutainville, après une « forte contamination enregistrée sur les eaux prélevées le 7 août » par l’ARS [cette interdiction a été levée le jeudi 10 août 2023 dans l’après-midi après la réception de nouveaux résultats satisfaisants, NDLR]. La seconde s’étend sur tout le littoral de Siouville-Hague. « En raison de la présence de lisier dans la rivière du Petit-Douet, la baignade et tout type de loisir nautique sont interdits sur la totalité de la zone littorale à compter du mardi 8 août à toute heure du jour et de la nuit et jusqu’à nouvel ordre », a communiqué la municipalité [cette interdiction a elle-aussi été levée le vendredi 11 août 2023, NDLR].

Le prélèvement réalisé par Maeva à Barneville s’est quant à lui, après analyses, révélé « bon », comme dans la très grande majorité des plages de la Manche.