Les travaux de recherche de Côme THIEULENT au service de la filière équine
Félicitations à Côme THIEULENT pour son titre de Docteur en Biologie
Le 3 décembre 2020, Côme THIEULENT, doctorant à LABÉO a soutenu sa thèse à l’Université de Caen Normandie. Ses travaux vont pouvoir contribuer au développement d’un traitement antiviral efficace face aux herpèsvirus équins. Le contexte sanitaire n’ayant pas permis une soutenance dans des conditions classiques, Côme nous propose une seconde présentation « maison » de ses travaux de recherche :
6 questions à Côme :
Depuis combien de temps travaillez-vous au sein de LABÉO ?
» Je travaille au sein de LABÉO depuis janvier 2016. J’ai tout d’abord réalisé un stage de Master 2, puis un contrat d’un an d’ingénieur d’étude et enfin j’ai obtenu en 2017, un contrat doctoral de 3 ans « .
Quel est votre domaine d’expertise ?
» Mon domaine d’expertise de manière large est la virologie et plus spécifiquement l’étude des herpèsvirus et des molécules antivirales « .
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
» J’ai obtenu mon bac S spécialité Sciences de la Vie et de la Terre en 2011 au Lycée Leverrier, à Saint-Lô (50). Suite à cela je me suis inscrit en Licence de Biologie à l’Université de Caen. J’ai obtenu ma licence, spécialité microbiologie, en 2014 avec mention. J’ai ensuite décidé de m’inscrire au Master Biosciences, spécialité Microbiologie, toujours à l’Université de Caen. Ma décision de réaliser une thèse s’est faite au début de mon Master 2 et ne sachant pas si le monde de la recherche me conviendrait, je me suis dit « tant pis, vas-y fonce, il vaut mieux essayer et échouer que d’avoir des regrets plus tard ! ». Suite à un cours du professeur Alain Rincé, j’ai rencontré Stéphane Pronost, chef de l’unité mécanismes infectieux et émergences dans le Pôle recherche de LABÉO. Stéphane était venu proposer un sujet de virologie et cherchait un stagiaire ; c’est lui qui m’a permis de réaliser mon stage de 6 mois de Master 2.
Suite à ce stage, j’ai obtenu mon Master en 2 ans avec la mention « Bien », je souhaitais alors poursuivre en thèse sur ce sujet d’intérêt pour la filière équine. Cependant, il n’y avait pas les financements nécessaires à LABÉO pour débuter en septembre 2016. J’ai eu la chance que le laboratoire puisse trouver finalement un financement extérieur pour obtenir un contrat d’un an d’ingénieur d’étude au sein du Pôle recherche de LABÉO.
Enfin, d’octobre 2017 à novembre 2020, j’ai réalisé mon doctorat à LABÉO sur la plateforme Normandie Équine Vallée à Saint-Contest (14). Ma thèse était financée par la Région Normandie et les Fonds Eperon, j’étais toujours sous la direction du Dr. Stéphane Pronost, tout en étant rattaché à l’unité universitaire BIOTARGEN EA 7450 dirigée par le Dr. Magali Demoor « .
De quoi êtes-vous le plus fier ?
» Hormis le fait d’avoir pu réaliser l’ensemble de mes objectifs de thèse dans le temps imparti, je suis fier d’avoir apporté de nombreuses données qui serviront à la communauté scientifique, mais également à la filière équine, ce qui permettra de faire avancer la lutte contre les herpèsvirus équins. Je suis également fier des résultats obtenus durant ces 3 années et des perspectives que mes travaux laissent au laboratoire « .
Qu’est-ce que le titre de Docteur ?
» Pour obtenir ce titre il faut tout d’abord avoir un réalisé un Master (Bac +5) dans n’importe quelle discipline (Biologie, Histoire, Sciences humaines etc…). Puis réaliser 3 années de recherche sur un sujet spécifique pour enfin rédiger un manuscrit de thèse et présenter son sujet devant un jury d’experts. Après ces étapes, c’est le jury qui accorde ou non le titre de « Docteur » (Bac +8) dans la discipline en question. Il ne faut donc pas confondre un « Docteur » et un « Médecin » (qui est également docteur, oui il y a de quoi s’y perdre !).
Pour moi, le titre de « Docteur » signifie que l’on est l’un des spécialistes reconnus dans un domaine bien précis et ce grâce à 3 années de recherches acharnées réalisées sur ce sujet « .
Pouvez-vous nous parler du thème développé et/ou des travaux réalisés que vous avez présenté à votre oral ?
» Le titre de ma thèse est « Criblage in vitro de molécules antivirales contre l’herpèsvirus équin-1 par impédancemétrie et évaluation clinique de l’effet du valganciclovir ».
L’herpèsvirus équin 1 (HVE-1) est l’un des deux agents responsables de la rhinopneumonie équine. Ce virus peut provoquer des troubles respiratoires, des avortements, une mort néonatale du jeune poulain et des troubles nerveux appelés myéloencéphalopathie équine. Les vaccins existants à l’heure actuelle permettent de réduire les problèmes respiratoires et donc la dissémination du virus. Cependant, ils ne préviennent pas suffisamment les formes graves de la maladie, que sont les avortements et les troubles nerveux. L’utilisation de molécules antivirales est une piste de plus en plus étudiée en complément de la vaccination. Cependant, aucune molécule antivirale ne possède d’autorisation de mise sur le marché en santé équine en France. Les objectifs de mes travaux de thèse étaient de contribuer au développement d’un traitement antiviral efficace contre l’HVE -1. Ces travaux consistaient tout d’abord en une phase de recherche en laboratoire, dite in vitro, avec le développement de la technologie xCELLigence® pour cribler et évaluer l’effet des molécules antivirales contre notre virus d’intérêt. Le criblage de presque 3 000 molécules nous a permis d’identifier 22 molécules efficaces contre l’HVE-1 sur des cellules en culture. Huit d’entre elles ont d’ailleurs été retenues pour leur fort effet antiviral. Une étude de combinaison a permis de montrer que deux d’entre elles agissaient de manière synergique. Nous avons également identifié une nouvelle famille de molécules efficaces contre l’HVE-1, et qui pourrait également présenter une efficacité contre des herpèsvirus dans d’autres espèces animales. La seconde partie de mes travaux consistait en l’étude de l’effet d’une de ces molécules, le valganciclovir, sur des poneys infectés par l’HVE-1. Cette étude réalisée en partenariat avec l’INRAE de Nouzilly nous a permis de démontrer une certaine efficacité de ce traitement.
Ces travaux devraient permettre de proposer à la filière équine un traitement antiviral capable de réduire les signes cliniques, l’excrétion de particules virales et la virémie cellulaire induits par l’herpèsvirus équin-1. Ces travaux ont également fait l’objet de 3 articles scientifiques publiés dans des journaux internationaux et un 4ème est actuellement en cours de rédaction « .