P-Box : un outil destiné aux éleveurs et aux professionnels pour le diagnostic parasitaire

Raisonner les vermifugations avec la P-Box

LABÉO, associé aux vétérinaires normands et au laboratoire pharmaceutique Boehringer, commercialise un outil destiné aux éleveurs et aux professionnels pour le diagnostic parasitaire. Au coût raisonnable, la P-Box vise à rationaliser un acte non encore règlementé.

Il y a sept ans, le groupement des laboratoires départementaux LABÉO, les vétérinaires de Basse-Normandie et le laboratoire pharmaceutique Boehringer s’associaient pour créer la P-Box, une boîte contenant du matériel de prélèvement pour diagnostiquer les principaux parasites bovins. L’idée : créer un outil simple, « accessible à un jeune vétérinaire qui sort de l’école et à un jeune éleveur », retrace Cyril Bapelle, docteur véto à Coutances. Conçue au départ pour les vaches laitières à l’entrée de l’étable, la boîte a évolué : « nous modifions régulièrement le protocole afin de l’améliorer et de le proposer pour un nouvel âge », indique Fabienne Benoit, directrice adjointe du pôle santé, référente P-Box chez LABÉO. Elle s’adresse désormais aussi aux génisses, aux veaux et aux ovins.

Tout à 50 €

Dans la boîte : un kit de prélèvement lait de tank, sérologique et coproscopique, à réaliser sur quelques animaux du troupeau et une enveloppe pour les envoyer à LABÉO. Les résultats sont ensuite retournés au vétérinaire et à l’éleveur. Prix total : 50€. En 2019, près de 400 P-Box ont été vendues en ex-Basse-Normandie, une évolution qui va croissant et qui motive le groupe technique de recherche à étendre l’expérience au-delà de la Basse-Normandie. « La P-Box sera présentée au congrès national annuel des vétérinaires à l’automne, indique Cyril Bapelle, pour donner l’idée à d’autres de la développer dans leur région ». Le bilan, au bout de sept années d’usage est positif pour Fabienne Benoit : « au global, beaucoup moins de vermifugations à l’aveugle ont été réalisées et cela nous permet de connaître l’état sanitaire des troupeaux ». Dans les exploitations, « on est passé progressivement du traitement total du cheptel à un traitement sélectif et raisonné ».

Le danger des traitements

En bio déjà, l’éleveur est obligé de réaliser des prélèvements pour justifier ses traitements. « De nouvelles règlementations au niveau européen allant dans ce sens arrivent, prévient Cyril Bapelle, on anticipe ». Pour les vétérinaires, « la démarche est clairement désintéressée », puisqu’ils vendent moins de traitements. C’est aussi le cas du laboratoire Boehringer, fabricant de vermifuges. « C’est une évolution de mentalité, traiter moins pour traiter mieux ! ». Les parasites bovins ont un impact sur les performances sanitaires et économiques du troupeau. Or, les conséquences pourraient être dramatiques si la situation n‘évolue pas. La résistance des parasites aux traitements, ajoutée à une recherche scientifique peu développée en parasitologie, met les cheptels en danger, à long terme. En témoignent les exemples irlandais et écossais où les parasites sont devenus résistants aux vermifuges sur les petits ruminants. « Si on ne peut plus éliminer les parasites, le pâturage dans certaines zones ne sera plus possible pour des raisons sanitaires évidentes », prévient le vétérinaire. En outre, les molécules, éliminées par voie fécale, sont rémanentes dans l’environnement et affectent la faune coprophage. « En Australie, poursuit-il, où on a traité à l’aveugle pendant 15, 20 ans, la faune a été décimée, surtout les insectes recycleurs. Les Australiens réintroduisent des bousiers de France ». ■ Dorothée BRIAND – RÉUSSIR – L’AGRICULTEUR NORMAND – 10 SEPTEMBRE 2020

 

Fabienne Benoit, directrice adjointe du pôle santé, référente P-Box chez LABÉO ; Cyril Bapelle, docteur vétérinaire à Coutances ;
Nicolas Osmont, éleveur laitier à Coutances. DR